‘L’exposition « Espace et Tension » qui se tient à la galerie Denise René propose un regard sur la scène abstraite contemporaine en réunissant une sélection d’artistes internationaux : Tony Bechara, Anne Blanchet, Elias Crespin, Knopp Ferro, Emanuela Fiorelli, Gun Gordillo, Hans Kooi, Martina Kramer, Anne Lilly, Carlos Medina, Christian Megert, Pe Lang et Marianthi Papalexandri Alexandri, Olivier Ratsi, Etienne Rey, Ines Silva et Jong Oh. Leurs œuvres, d’une géométrie minimale et épurée, déploient des dispositifs plastiques qui intègrent la notion de tension en désignant l’espace comme un champ d’action, générateur d’énergie, de vibrations, de forces multiples et opposées. Sollicitant chez le spectateur une dynamique perceptive, elles le conduisent à saisir la complexité de la réalité qui se situe entre ordre et chaos, visible et invisible. […]
Les mobiles électrocinétiques d’Elias Crespin défient les lois de l’apesanteur avec le déploiement souple de leurs structures géométriques qu’il a pour la première fois mêlées à des fils de laine (La danza de las catenarias, 2019). Ces derniers se rattachent aux extrémités de chacun des tubes d’aluminium, définissant ainsi ce qu’on appelle « la courbe caténaire », que l’artiste vénézuélien (qui a été dans une autre vie ingénieur en informatique) apprécie pour sa beauté et son caractère mathématique simple. Par cette association inédite, Elias Crespin souligne les différentes configurations géométriques du mobile : chaque fil se déploie selon la même trajectoire, se laisse aller à sa forme d’équilibre sous l’action de la pesanteur. Ce travail avec le fil permet à l’artiste d’engager un autre dialogue avec l’espace, en jouant sur les contrastes de matériaux : à la dureté et aux reflets éclatants du métal il oppose la matité de la laine dont les coloris passent subtilement du noir au bleu et au rouge. L’œuvre acquiert une dimension plus tactile et tangible, le vide est doté d’une présence à la fois plus dense et plus chargée. Pour autant, Elias Crespin ne cède en rien au spectaculaire. Dans le rythme de programmation de sa chorégraphie aérienne, il continue de privilégier la lenteur à la vitesse, invitant ainsi le spectateur à ouvrir son imagination au suspens de la mobilité visuelle et mentale.’
Texte de Domitille d’Orgeval.